Né en 1999, Arthur Dujols Luquet intègre les Beaux-Arts de Paris en 2017 dont il est diplômé en 2023 avec les félicitations du jury. En 2019, il reçoit la bourse de Dessin Hélène Diamond. En 2020, il participe à la performance « Degas-Danse » au Musée d’Orsay qui vient ouvrir ses questions autour de la présence du corps dans l’acte de création. Ses rencontres avec les chorégraphes Emmanuelle Huynh, Boris Charmatz ou Dimitri Chamblas, pour lesquels il a performé, viennent alors nourrir sa pratique du dessin de perspectives nouvelles tant dans le geste que dans la matière.
De cette rencontre avec la Danse, il a déployé son geste artistique de façon transversale et transdisciplinaire, en passant d’une pratique assidue du dessin à celle de la performance. Ses dessins de « Natures suspendues » sont récompensés en 2023 d’une mention d’honneur au prix Pierre-David Weill de l’Académie des Beaux-Arts. Cette même année il soutient publiquement son mémoire « Poétique de l’émergence » qui traite des processus de création d’une oeuvre, de l’idée à la matière en passant par le corps.
Plus récemment, Arthur Dujols-Luquet s’est également attaché à la matière à travers une expérimentation systématique des gestes premiers du sculpteur, de l’artisan, de l’artiste. Le résultat y relève moins d’un inventaire que de la création d’un monde en soi. Il développe ainsi une approche inédite de l’espace et du temps, approche tout à la fois formelle et conceptuelle propre à redéfinir sur de nouvelles bases notre regard sur ce qui nous entoure. Aussi le réel est-il, dans ce cadre, sans cesse mis en interaction avec les différentes façons dont les êtres humains – les artistes en premier lieu – le considèrent et le pratiquent, et tout son travail s’en fait dès lors l’écho.
Lauréat 2023 de la bourse Zao Wou-ki, il prépare actuellement son voyage pour la Chine en 2024 durant lequel il espère poursuivre ses recherches sur le geste et l’état des présences des êtres et des choses.
Démarche de création
Regardez. Voyez.
Il y a peu, il y’a tout juste, l’air respirait de leur mouvement. Le marteau s’est maintenant posé, le regard plonge dans son vague tandis que le feu continue de cracher ses joies.
Mais ça y’est, cela reprend. Cela n’a en fait jamais pris fin. Car au-dehors le vent souffle, au loin les marées montent, juste ici et de partout, les pommes tombent. L’encre s’abreuve à présent du pinceau, y boit à s’y noyer. L’acier maquillé de chaleur clament ses incandescences – dans ces gestes matièrés, c’est la main qui guide la danse.
Regardez. Voyez.
Cette main, cette même main qui serre, tire, presse, retient et frappe, jette, frotte et percute. C’est tout le corps aussi. Celui des êtres et celui des choses. Toute matière connait ses déchainements. Toute matière a ses présences.
Regardez – Voyez.
Les gestes font le monde et les forces en sont le langage. Qu’est ce qui fait l’aura mystérieuse des êtres et des choses ? Comment se fait-il que certains corps vibrent d’une présence si forte ? De là, j’explore les objets de ma fascination en charriant les notions de relique, d’usure, de trace et d’empreinte, celles des forces physiques qui régissent le monde, celles du corps qui y passe en y déposant sa trace marquant la matière de son passage et de ses rencontres.
What is it that makes up the mysterious aura of beings and things? How certain bodies vibrate with such a strong presence? From there, I explore the objects of my fascination, carrying along the notions of relic, wear, of trace and imprint, those of the forces of nature that govern the world, those of the body that passes through, depositing its trace, stamping matter with its passage and its encounters.